Presse L’heure c’est leurre

PAR DIDIER JACQUOT

Pas de temps à perdre : après « Mob’ Story » en 2009, Guy Gauthier vient de réaliser un nouveau court-métrage. Tournage du 20 novembre au 20 décembre. Dans une école primaire de Nancy et dans les rues de la ville. Au programme : une évocation de l’enfance et du temps qui passe. Histoire en deux temps trois mouvements de (re)mettre les pendules à l’heure. 

Made in Saintois

Guy Gauthier, ce passionné de cinéma made in Saintois, au Sud de la Meurthe-et-Moselle, remet le couvert.  Il a tourné un cinquième court-métrage, après par ordre d’apparition sur l’écran :
Go West  ! (La traversée des Etats-Unis d’un Lorrain),
La Quarantième Vadrouille (hommage à la Grande vadrouille 40 ans après),
Fête Bûcheronne (hommage au film « Les Grandes Gueules »)
Mob Story (tribulations d’une mobylette bleue).

Sa filmographie va désormais s’intéresser à l’enfance et au temps qui passe…

Le souffle de la passion

Cette fois, notre cinéaste autodidacte fait vibrer la corde sensible de l’ancien éducateur qu’il fut pendant quelques années, et peut-être aussi du papy qu’il est devenu dernièrement.
Son film, qui dure huit minutes, s’intitule «  L’heure, c’est leurre ! ». Presque d’actualité puisqu’il y sera question de pendules et de réveils qui sonnent sous couvert d’heure d’hiver. Mais inutile de chercher trop loin : c’est un simple hasard du calendrier.
Un film demande et prend du temps, se peaufine de longue date, et celui-ci est en préparation depuis quelques mois maintenant.
Car comme toujours, Guy Gauthier joue de la débrouille pour conduire son projet qui ne dispose pas de soutiens particuliers.
Le souffle de la passion lui permet de continuer à soulever des montagnes.

Histoire vraie

Inspiré d’une histoire vraie, L’heure c’est leurre, racontera en 480 secondes, chronomètre en main, l’histoire d’un enfant unique de neuf ans, dont les parents travaillent et qui lui laissent comme compagnons du matin, outre un doudou mais surtout deux réveils : l’un pour sortir du lit, l’autre pour ne pas rater l’heure de l’école.
« J’ai été très étonné par cette histoire, très touché en fait ! » commente Guy Gauthier. « Je n’aurais jamais cru que cela puisse se passer de cette manière ».
L’artiste voit ce que le commun des mortels n’entraperçoit qu’à peine, où par bribes.
Alors Guy sort de son baluchon autour de cette histoire d’autres thèmes. Difficile de ne pas y voir de l’autobiographie…

Leurre

La désobéissance comme moyen de survie (et occasion de tuer le temps soit dit en passant), l’école de la république et sa capacité à rassembler les populations par-delà les clivages sociaux et culturels, la comédie des apparences prennent place dans un film qui dit aussi que l’heure est un leurre…

Ecole Jules-Ferry

Plus largement, Gauthier évoque le temps qui passe, ces temps mort qui sont temps de vie, ces temps de vie qui sont parfois des temps morts…
Il rappelle utilement que les enfants n’ont pas toujours la notion du temps et que le temps des uns n’est pas le temps des autres.

L’HEURE, C’EST LEURRE suite…

Il est des pendules comme des costumes : c’est parfois habit trop grand. Un enfant n’est pas un adulte en modèle réduit.
Sans le dire, il écorne un tantinet ces temps d’aujourd’hui qui voient les uns courir en tous sens pendant que d’autres attendent, chacun semblant téléguidé par une urgence qui ne dit pas son nom.
Étrangers au cœur même de leur propre maison, parents et enfants ne vivent pas avec la même pendule, et se « coltinent » pas les mêmes réalités. Comme si chacun donnait à ses secondes une valeur toute personnelle.
Il est temps de le redire ! «  Il y a quelque chose de fascinant dans la vie de cet enfant qui se lève pour éteindre un réveil et qui attend ensuite qu’un autre sonne pour aller à l’école. Que se passe-t-il dans sa tête ? Comment vit-il ces instants et quelle place prendront-ils dans son destin » ajoute Guy Gauthier? qui fera se croiser cet enfant-là avec un autre, celui dont les parents sont là pour le conduire à l’école, lui !
Si tout se passe bien, le film devrait être visible le 26 mars prochain. Le jour du passage à l’heure d’été.

Décor

C’est une école qui servira de décor à l’une des séquences importante du film. L’endroit qui fait que l’on quitte son chez soi secret pour y faire société comme on fait bonne figure.  Les trois coups ont été donnés en novembre et décembre dernier à Nancy. C’est l’école Jules-Ferry qui verra l’équipe de Guy Gauthier poser ses caméras. Guillaume Galichet, neuf ans, sera le héros. Le jeune garçon, originaire de Flainval, près de Lunéville, tournera là son premier film. Il sera d’ailleurs le seul comédien à tourner avec des horaires aménagés. (loi oblige). Car si les enfants ont du temps, ils ont aussi des droits. Ultime clin d’œil qui sera traduit dans le film de manière amusée à la toute fin du mot FIN… alors que l’on fête les 20 ans des droits de l’enfant. Si le temps passe vite, quand l’heure est venue, on en dit des choses en 480 secondes.

Questionnaire de Proust de « l’heure c’est leurre » histoire d’en rire :

  • Si le film était un trait de caractère ? ………………………..Ce serait le temps qui passe…
  • Si le film était un défaut ? ………………………………………………………………Trop court!…
  • Si le film est un rêve de bonheur ? ……………………………….. S’il n’y avait pas d’école…
  • Si le film était un lieu ? …………………………………………………………..Une grande ville…
  • Si le film était un personnage politique ? ……………………………………………Jules Ferry…
  • Si le film était un héros de fiction ? ……………………………………………..Poil de carotte…
  • Si le film était écrivain ? ……………………………………………………………..Jules Romain…
  • Si le film était un cinéaste ? …………………………………………………..François Truffaut…
  • Si le film était un film ? ………………………………………………….Les quatre cents coups…
  • Si le film était une chanson ? …………………………………………………………………Fils de…
  • Ce que le film déteste par-dessus tout ? ……………………………………..L’heure d’hiver…
  • Ce que le film souhaiterait à un ami ? ………………………….Avoir des parents présents…
  • Ce que le film souhaiterait à un ennemi ? ……………….Connaître ce genre de solitude…
  • Si le film était un animal ? ……………………………………………………………..Un hérisson…
  • Si le film était une devise ? L’heure c’est l’heure, après l’heure ce n’est plus l’heure…
  • Si le film était une couleur ? ………………………………………Le jaune du lever du soleil…
  • Si le film était une fleur ? ……………………………………………………………..Le tournesol…

 L’Est Républicain, Dimanche le 26 Décembre 2010 / Nancy

Tournage Le court-métrage de Guy Gauthier s’amuse des contraintes d’un tournage avec un comédien mineur.
L’heure, c’est leurre

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L’enfant et le réveil, les deux personnages principaux du film de Guy Gauthier. Photo Denis MOUSTY

IL N’Y A PERSONNE quand le gosse s’arrache au sommeil. Juste un réveil, gardien vigilant des débuts d’une journée.

Il n’y a personne pour faire le petit-déjeuner de l’enfant, veiller à ce que les tartines soient dûment englouties, que l’anorak ou le bonnet ne manquent pas à l’appel. Juste un réveil. Qui donne le top au garçon pour quitter l’appartement. Et se rendre à l’école.

Ce gamin que ses parents, happés par le travail, livrent à lui-même tous les matins, c’est Guillaume. Plus précisément, le personnage est joué par Guillaume Galichet sous l’oeil du metteur en scène Guy Gauthier.

Cet automne, le réalisateur vosgien, dont la Mob bleue a fait le tour des festivals l’année dernière (Mob Story), a en effet décidé de consacrer un court-métrage à cette scène de vie quotidienne. Où l’on voit finalement l’enfant frapper à la porte de l’école… une heure trop tôt. Celle d’hiver venait d’être instaurée. À quoi sert donc alors d’avoir un réveil si bien réglé ! « L’heure, c’est leurre » en effet, pour reprendre le jeu de mot introduit en titre à ce film actuellement tourné à Nancy…

Guillaume Galichet, 10 ans, fait ses premières armes sur un plateau. Une bonne bouille décontractée, qui réalise son « rêve de passer à la télé, ou en tout cas sur un écran. Et depuis tout petit, hein ! »

 L’heure, c’est leurre suite…

 Cerise sur le gâteau, son meilleur pote, Aurélien, est du casting, lui aussi. « C’est génial de voir comment ça marche, un film », confie le tout jeune comédien avec le naturel désarmant de l’enfance. « Les trucages à l’ordinateur, les plans, l’attente. Je découvre tous les trucs du ci-né-ma-to-gra-phe », conclut-il en articulant soigneusement.

Trois heures, pas plus !

Pas intimidé pour deux sous, Guillaume se campe dans le champ, écoute les directives de l’équipe sagement. « Mais comment voulez-vous intimider avec un aussi minuscule appareil ? », s’amuse Guy qui cette fois tourne avec un appareil photo reflex doté de la fonction vidéo. Dispositif ultraléger, et incroyablement performant. « On est loin de la Betacam, c’est sûr ».

Cette dernière fait pourtant une apparition dans le champ, en fin de film, lorsqu’on découvre au seuil de l’école que l’enfant, son instit et son pote… tournent un film. Ce qu’on appelle une mise en abîme. Tournage d’ailleurs interrompu par l’inspecteur de la Ddass qui hurle « Coupez ! ». Au motif que l’heure est dépassée.

« Non, on ne la refait pas, l’heure c’est l’heure ! » Avec un comédien mineur, c’est trois heures de travail quotidiennes, pas une de plus…

Ainsi donc, cette histoire est l’histoire d’un film en tournage, où l’heure (du réveil, d’hiver, de la réglementation envers les mineurs) finit par jouer le rôle-titre.

« Cette législation concernant les comédiens enfants est très sérieuse », remarque le réalisateur au passage. « On l’applique évidemment avec Guillaume et ça nous complique singulièrement la tâche. Car le cinéma, par essence, c’est long, fastidieux. Or le gosse ne peut pas rester plus de 3 heures sur le plateau. Donc on jongle ».

Ce petit film a bénéficié de moins d’une semaine de tournage, ne mobilise que 4 à 5.000 EUR de budget. Mais compte bien défendre sa cause dans tous les festivals du genre. Pour, qui sait, connaître un jour son… heure de gloire !

 Le Républicain Lorrain, Vendredi le 25 Mars 2011 / MMN /

C’est l’heure du cinéma

Lors des Journées régionales de cinéma et de vidéo, en février dernier, le jeune Guillaume Galichet, acteur enfant découvert par le réalisateur Guy Gauthier, s’est vu décerner le prix d’interprétation masculine pour le rôle de l’« enfant » dans le court-métrage L’heure, c’est leurre ! Guillaume Galichet, né à Nancy en 2000, vit à Flainval (près de Lunéville). Il est scolarisé à l’école du village en classe de CM2. Le film (d’une durée de 8 minutes) s’inspire d’une histoire vraie. L’heure, c’est leurre ! relate la matinée d’un garçonnet qui s’apprête à partir pour l’école. Mais le temps réserve parfois des surprises…

L’association l’Utile Beauté des Choses (UBC) organise ce samedi, jour de la sortie officielle du court-métrage, de 14h à 18h30, un après-midi cinéma au Musée du cinéma, rue Rémy à Saint-Nicolas-de-Port.

Cet après-midi débutera par une visite du musée. Place ensuite à une séance de cinéma avec tous les films de G. Gauthier. La projection de L’heure, c’est leurre ! est programmée en fin d’après-midi. Une participation de 5 EUR par personne sera demandée.