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Interview de Leny Escudero lors de ses adieux en Lorraine

 

Guy Gauthier : Tes adieux sont-ils ceux des Compagnons de la Chanson ou encore ceux de Brel ?

Lény Escudéro : Il va te falloir attendre plusieurs années pour le savoir, c’est-à-dire que dans 5 ou 6 ans , si je ne suis pas remonté sur une scène, c’est que c’était définitif.

G. G. : Aujourd’hui ?

L.E. : Oui, aujourd’hui, j’ai quelques certitudes, comme par exemple que je ne remonterais pas sur scène, que je ne recommencerais plus à remonter sur scène, et puis des tas de trucs, que je ne deviendrais jamais ça ou ça…
J’ai quelques certitudes. Celle là, s’en est une.

G.G. : Et le disque ? Il continuera quand même ?

L.E. : Oui. C’est-à-dire que j’essaierais de faire des disques. Mais l’écriture est tellement liée à la scène, c’est tellement un tout que je ne sais pas ce que seront mes chansons.

Actuellement, je ne peux pas dire car je pense qu’il manquera quelque chose. Il me manquera de savoir en les écrivant que je vais aller les chanter.

Je ne sais pas. J’essaierais.

G.G. : Lény Escudéro, c’est encore possible un jour au cinéma après le film d’Yves Boisset ?

L.E. : Je ne sais pas. Peut être oui !

G.G. : Des propositions ont déjà été faites ?

L. E. : Oui, ça m’est arrivé d’avoir des propositions que j’ai été obligé de refuser parce que, au cinéma, on te prévient 2 ou 3 mois avant et on a des contrats, nous dans la variété, qui sont signés à beaucoup plus long terme.

De toute manière, je n’ai pas envie de faire du cinéma pour faire du cinéma.

G.G. : Tu te verrais bien dans le rôle de l’Espagnol de Clavel ? Tu pourrais tenir le rôle, interpréter ce personnage.

L. E. : Oui, mais ça c’est le personnage mythologique,. Evidemment, on se dit, ça lui collerait bien à la peau le personnage de Bernard Clavel, mais ce n’est pas tellement pour ça que j’ai envie de faire du cinéma.

Si j’en fais un jour, ça ne me dérangera pas d’être Himmler pour dénoncer le nazisme. Je ne rechercherais pas obligatoirement le rôle mythologique. Ce qui m’intéresse, c’est l’ensemble, ce n’est pas que mon rôle à moi soit choisi. Je veux être, participer à raconter une histoire qui m’intéresse, que je trouve chouette.

G.G. : Une œuvre artistique globale ?

L. E. : Oui, un film, c’est un travail d’équipe général.

En tant que comédien, je pourrais dire, “oui j’ai envie de faire du cinéma”, mais peut-être que je ne me sens pas assez comédien. Moi, je veux qu’on me raconte avant tout une histoire qui m’intéresse.

G.G. : Et l’avènement des Radios Libres ? Si elles étaient venues dix ans plus tôt, tu serais peut-être encore en train de chanter.

L.E. : Ah pas du tout ! Quand tu dis ça, tu penses que je m’arrête parce que…. moi, je trouve que ça ne marche pas trop mal.

G.G. : Non, ça marche bien, mais c’est une lassitude du temps. Ce doit être dur de tenir longtemps, seulement sur une scène ?

L.E. : De toute manière, ce n’est pas pour ça que je suis content qu’il y ait des Radios Libres. Moi, j’aimerais qu’il y en ait une dans chaque maison pour qu’on puisse appeler son voisin, le gars de la rue d’à côté, pour se parler.

G.G. : Tu penses que finalement les Radios Libres n’ont pas réussi leur rôle de communication ?

L.E. : Non, ce n’est pas ça, mais je voudrais qu’il y en ait davantage. Maintenant les Radios Libres, est-ce qu’elles ont réussi leur truc, je n’en sais rien.

Toi, tu es dedans, tu dois savoir mieux que moi !

G.G. : Nous, on démarre et on voudrait bien savoir ce qu’un professionnel pense des Radios libres à l’heure actuelle, c’est-à-dire après deux ans d’existence ?

L.E. : Moi, je ne suis pas un professionnel, je suis un amateur qui ne fait que ça ! Je ne suis pas un vrai professionnel.

G.G. : Un amateur qui chante tous les jours !

L.E. : Oui, mais pour moi les Radios Libres, c’est une chose très très importante. Personnellement j’aimerais qu’il y en ait encore plus. La communication en gros, c’est quelque chose pour moi de primordial, et elles participent à cette communication. Qu’on me passe moi, qu’on ne me passe pas, ce n’est pas important.

G.G. : Sur le plan politique, tu as une opinion sur ce qui se passe maintenant en Espagne ?

L.E. : Evidemment ! Je suis très content de ce qui s’est passé.

C’est pas suffisant. Il faut que ça aille encore beaucoup plus loin, mais il est certain que quand tu avais dans un pays comme l’Espagne 30 000 prisonniers politiques, et qu’ils ont été libérés après la guerre…

Même si ce n’est pas encore véritablement la liberté, pour ces gens là, c’est extraordinaire, déjà, oui c’est sûr !

 

Guy GAUTHIER

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