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1965/2025

Les Grandes Gueules, une aventure de 1961 à 2025… au moins !

Le film n’existerait pas sans José Giovanni, l’auteur du « Haut-Fer », qui fut ensuite l’auteur du scénario des « Grandes Gueules ».

Néamoins ,si aujourd’hui en 2025 on évoque le soixantième anniversaire, si Voirin a fait une vaste tournée du film avec son livre agrémenté de photos de sa famille, il n’en reste pas moins une aventure qui débuta il a très longtemps, en 1961.

Et là, lors de l’été 1961, il y avait Jean Grossier, disparu il y a quelques années et qui acceuillait Giovanni sortant tout juste de prison, qui cherchait alors un lieu pour y installer son roman « Le Haut-Fer », devenant plus tard le film que nous connaissons. Sans Giovanni et Grossier, point de film !

Bien sûr après, il y eut Robert Enrico, le troisième présenti pour le tournage et les acteurs-stars Ventura, Bourvil ; les commémorations de 1975, de 1985 avec la venue de Giovanni et Enrico dans les Vosges ; le film de Viry-Babel et Crave en 2000 où l’on découvrait grâce à des images de France 3 Lorraine, la séquence de tournage de la coopérative des Graviers à Plainfaing, non retenue dans le montage final.

En 2001, il n’y avait qu’un lorrain à Paris, lors des obsèques de Robert Enrico et celles de José Giovanni en Suisse en 2004, le lorrain Guy Gauthier.

En 2005, après des années de travail et d’enquête de Guy Gauthier, Gérard Louis, éditeur originaire de Vagney, sortait le premier ouvrage « Des grandes gueules pour un haut-fer » Vingt ans plus tard, Michel Urban évoquait dans « La Lettre », ce bel ouvrage, référent aujourd’hui de cette aventure vosgienne.

Extrait de la Lettre 46 de michel.urban5@wanadoo.fr

1er septembre 2023

Au moment où Jean-Pascal Voirin propose une nouvelle tournée, où il propose ensemble le film et son livre, « L’Aventure des Grandes Gueules », souvenons-nous que Guy Gauthier avait sorti « Des grandes gueules pour un haut-fer » aux éditions Gérard Louis, réédité en 2015, aujourd’hui manifestement absent des librairies. Les deux bouquins se complètent bien [je me permets de dire que je préfère celui de Gauthier], Voirin le Gêromois s’attachant plus au caractère d’évènement local, Gauthier étant plus « cinématographique ». En particulier, il fait la comparaison entre le livre puis le scénario de Giovanni et le film d’Enrico. Par exemple, que la célèbre scène [au point que les association locales la « reproduisent »] de la fête foraine de Vagney n’existe pas dans le livre.

Dans le cadre des documentaires, en 2005, la production du film les Grandes Gueules sortait un supplément, en DVD, dont les auteurs parisiens étaient coachés par Guy Gauthier.

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Ce même touche-à-tout tournait d’ailleurs avec les Attatos, en 2007, un court-métrage « Fête Bûcheronne ».

En 2015, le livre de Gauthier-Louis ne fut pas réédité comme demandé par de nombreux lecteurs et passionnés de ce film-culte, mais Guy Gauthier l’a posé sur son site Internet, avec accès gratuit, avec l’accord de l’éditeur.

Pour cette occasion, le dernier des Mohicans, Michel Charrel, qui jouait le rôle de Cuirzepas, l’homme au transistor dans le film de Giovanni, coule une retraite paisible à Paris. Guy Gauthier est toujours en contact avec lui, et il lui a écrit ces quelques lignes pour le cinquantième anniversaire, qui figurent désormais dans la présentation du livre sur Internet. Les voici :

Le dernier des Mohicans :

Le film “Les Grandes Gueules” a 60 ans. A l’origine une belle sortie, un bel accueil. Quand André Bourvil, Lino Ventura et Marie Dubois sont partis au paradis de la pellicule inflammable, la presse n’a pas cité les G. G. Or si un film ne date pas, c’est bien « Les Grandes Gueules ». Etrange silence et allez savoir pourquoi ? Or, moi qui ne suis qu’un petit acteur, le public ne me parle que de ce film et non des cent autres que j’ai tournés. J’avais été sélectionné pour faire des essais filmés. C’était très cher à l’époque. Et quand j’ai vu que 50 comédiens chevronnés avaient été retenus, j’ai douté que le choix se fasse sur moi. J’avais été pressenti pour jouer dans « Mademoiselle » de Tony Richardson avec Jeanne Moreau, et ce, en même temps. J’en ai fait part à Robert Enrico et je suis parti dans les Vosges. A la gare de Gérardmer, j’ai été accueilli par Michel Ardan lui-même, un très grand producteur, très humain et qui suivait depuis Paris en se faisant projeter les rushes. Très présent aussi, il était malgré tout très discret sur le tournage. Un jeudi après-midi, ayant fini ma séquence, je retourne au Grand Hôtel du Lac, et je croise un Michel Ardan défait, traînant une mélancolie « Ardanesque ». Il écoutait Adamo toute la journée (et l’a fait tourner peu après avec Bourvil). Et il me dit : « J’ai plus un sou. Alors je vais aller à Londres pour chercher les 50 millions qui me manquent ». Mine réjouie le lundi suivant : « Ca y est ! Je les ai les 50 millions ! » Quant aux G.G., jamais un film n’a eu un tel impact sur une région. On en parle encore. Comme la clairière du Cellet était ouverte à tous, nous avions souvent des visiteurs peu bruyants et respectueux de notre travail d’une très grande docilité quand nous avons tourné « en ville » sans l’aide de vigiles ou de gendarmes.

Fin 65, ma carrière partait en lambeaux, je ne tournais plus et j’avais un crédit chez le boucher. Le film « Les Grandes Gueules » est sorti. Plus besoin de crédit chez le boucher et soudain une petite notoriété. Je n’ai jamais autant travaillé qu’en 1966, 67 et 68. « Les Grandes Gueules » étaient un sésame. Le succès public a dépassé les critiques du moment pourtant bonnes, jusqu’à ce que les critiques l’oublient. Ce film n’était pas qu’un « western à la française ». C’était la reconnaissance d’un terroir, le terroir vosgien, non pas comme décor mais comme un complice, dans lequel se fondait naturellement cette histoire d’hommes, ce que Giovanni d’abord, et Enrico ensuite, n’ont pas imposé comme un faire-valoir, mais un merci à cette région. Est-ce que le film aurait eu le même succès, s’il avait été tourné dans les sauvages Pyrénées, les immenses Alpes, le rude Massif Central, la féérique Bretagne, ou la forêt de Fontainebleau qui avait été choisie au début ? Je me pose encore la question. Peut-être pas. Un bon scénario d’abord, une réalisation soignée et une musique alerte et envoûtante de François de Roubaix ont joué du pays et de l’homme vosgien. Ce film avait une âme. Et je suis le dernier des Mohicans des Vosges.

Merci Très Haut. Michel Charrel (2025)

Guy GAUTHIER

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